mercredi 13 mai 2015

LA COMMEDIA...

Ambiance..........

...

.......... Musique !




Puis............

...

...... Recette !


- Prendre une dizaine de jeunes pousses de talent.

- Les arroser régulièrement et avec amour. 
(Sans amour, elles restent chétives et muettes !)

- Les choyer, donc, et les nourrir !
(D'ingéniosité, de malice et de ruse... de naïveté aussi...
d'un rien de latin, d'une flopée de fourberies, d'un texte, donc, issu, certes de votre imagination, mais inspiré du canevas de la commedia... un pur produit dell'Arte !)

- Ne pas oublier le travestissement... vêtir chacun de couleurs, de tissus en drapés, d'étoffes soyeuses !

- Et enfin, masquer ! Avec des mascherone de Venise en papier mâché, des loups, des figures italiennes aux longs nez...

Vous obtiendrez.........

........... ceci :

Des fleurs d'acteurs dans
 "La fiancée fardée", comédie en quatre actes



PANTALEONE, à sa cassette posée sur une balance.- Mon petit trésor, comme tu te portes bien, comme tu embellis et grossis chaque jour !


BRIGHELLA, à part et l’imitant.- Mon petit trésor, comme on t’aime tout bourrelé d’or, tout bouffi de pierreries, tout boudiné de monnaie et ventripotent d’argent !


PANTALEONE, à part.- Il ne songe qu’à manger, ce fieffé vorace ! Il passe son temps à se goinfrer dès que j’ai le dos tourné ! À Brighella, La nourriture n’est-elle pas bonne en mon logis ?

BRIGHELLA.- Pour sembler bonne, il eût fallu qu’elle existât !


BRIGHELLA, à part.- J’ai l’idée d’un stratagème… c’est dans mon ventre que les cinquante gazetas iront !


LELIA.- Peu m’importe ! Je refuse d’épouser un étranger ! Choisir celui qui partagera ma vie, n’est-ce pas la moindre des dignités ? désignant le chat, Regarde ce chat ! Il va où bon lui semble, s’approche de qui il veut ! Ma vie a-t-elle moins de valeur que celle d’un animal pour qu’on en dispose comme d’une chose qui ne m’appartient pas ?


LELIA.- Vous m’enlèveriez, mon doux Cynthio ?

CYNTHIO.- Je vous emmènerai loin !

BRIGHELLA, s’avançant.- Ah oui, et où ça ?

CYNTHIO, outré, plaçant Lelia derrière lui pour la protéger.- Qui êtes-vous, monsieur, pour écouter notre conversation et vous permettre d’intervenir ?


CYNTHIO, attrapant Brighella par le col.- Comment le savez-vous ? Il a l’air fourbe. Il va tout lui dire, je le sens !

BRIGHELLA, agacé et repoussant Cynthio.- L’air fourbe ? Moi qui suis la loyauté même !

CYNTHIO, examinant Brighella.- Quel oeil sournois ! Quel ton mielleux ! tirant son épée, Pourfendons-le avant qu’il ne nous trahisse !


SPAVENTA, toujours chuchotant.- Que portez-vous sur la tête ?

LELIA.- Ah ! Ce n’est rien ! Je souffre d'une sciatique chronique du cervelet ! Mais le médecin m'a dit que je guérirai ! Quand je serai mariée ! elle sautille devant Spaventa qui recule de plus en plus.

SPAVENTA.- Cessez de vous agiter, vous allez les réveiller ! … Et… au nez, qu'est-ce que vous avez ?

LELIA.- Trois fois rien, juste quelques petits vers qui m’irritent en grouillant dans mes mucosités…


SPAVENTA, à part.- Quelle est cette guenon ? Si je me promène au bras d’un laideron pareil, on nous mettra en quarantaine ! tout haut à Lelia, Mais, dites-moi, qu'avez-vous donc aux bras ? il touche le bras de Lelia d’un doigt.


BALANZONE, entrant majestueusement.- On me dit que vous avez grand besoin d’un médecin ? se désignant fièrement, Dottore Balanzone, illustre praticien, savant théologien, érudit en sciences et maladies…


PANTALEONE.- Ah ? C’est grave ?

BALANZONE.- Infiniment grave !

PANTALEONE, tremblant.- Qu’a-t-elle ?

BALANZONE.- Une trouillus mariatum fourmilis aigue.

PANTALEONE, inquiet.- Ah ?

BALANZONE.- Appelée encore, épousaillum colicus picotæ …

PANTALEONE, inquiet.- Ah ?

BALANZONE.- Plus communément, une angoisse prénuptiale éruptive associée de démangeaisons spontanées…



CYNTHIO, s’illuminant.- Vous voulez bien que j’épouse Lelia ?

PANTALEONE, se ravisant après avoir brièvement regardé Lelia.- Ah ! C’est que je voudrais bien !

CYNTHIO.- Plus rien ne vous en empêche !

PANTALEONE, désignant Lelia.- Regardez ma nièce !

CYNTHIO, s’approchant de Lelia.- C’est la plus radieuse demoiselle qui soit.

PANTALEONE.- Avez-vous de bons yeux ?

CYNTHIO, regardant Lelia.- D’excellents.

PANTALEONE, désignant Cynthio.- L’amoureux est aveuglé !

LE CHAT, désignant Pantaleone.- Pas plus que le convoiteux !

BRIGHELLA.- Tout s’arrange donc pour le mieux !

PANTALEONE, geignant.- Pour le mieux, pour le mieux, je suis presque ruiné… 



Bravo à la troupe !