mercredi 7 janvier 2015

JOUR DE DEUIL

Aujourd'hui sont morts

Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, 

Bernard Maris

et six autres personnes 

dans un attentat terroriste 

contre Charlie Hebdo.


Il n'y a rien à dire. Juste rester pétrifiés et glacés. En se demandant. Et en ne trouvant pas de réponse.

Ce matin, un petit élève d'atelier théâtre qui devait se présenter devant ses camarades pour cette nouvelle période, a dit :
"Je m'appelle C., j'ai huit ans, quand je serai grand, je voudrais avoir une kalachnikov et devenir terroriste. J'aimerais bien tuer toute une famille. Même une famille royale. Et ma maîtresse."

Je connais C., je l'ai déjà eu en atelier théâtre. Il aime bien provoquer. C'est ce que je me suis dit : "Il aime bien provoquer". Et : "il joue trop aux jeux vidéos de son grand frère".
Il est surtout né dans un pays en guerre... avant d'arriver en France, il sortait chaque jour dans des rues emplies de militaires... Qu'a-t-il vu, C., pour dire de telles choses en me regardant droit dans les yeux ? De quoi a été témoin, cet enfant, "là-bas" ?

Je lis sur mon écran ce qui s'est passé tout à l'heure dans les locaux de Charlie Hebdo...
Je revois défiler des moments heureux et les dessins de Wolinski, ses rondes et gracieuses petites pépées... la bande d'Hara-Kiri...

Je repense aux mots de ce petit garçon. C'était précisément à l'heure où sont morts les journalistes et les dessinateurs de Charlie Hebdo. 
Je repense aux yeux brillants d'excitation de certains enfants en l'entendant, à ceux, effrayés, des autres... 
Je me dis qu'il ne me faut pas "lâcher" les enfants, ne pas céder au choix confortable d'une proposition de poste dans un endroit protégé, prestigieux... même s'il ne s'agit que d'un grain de sable dans notre grand désert culturel. 
Au diable le confort, quand un enfant dit à huit ans qu'il veut devenir terroriste. Même si c'est une provoc.
Quand la censure prend les armes et brandit une kalachnikov sur des gens qui dessinent.

Forcément je pense à cette phrase de Kierkegaard : "Les gens exigent la liberté d'expression pour compenser la liberté de pensée qu'ils préfèrent éviter.
Qu'allons-nous connaître dans les jours à venir, quel grand feu de paille va s'embraser ? Pour combien de temps ? Pour quelle utilité ? ........ Je pense à Kierkegaard, donc, et me dis que ça ne durera pas... on s'unira, on s'écriera d'une seule voix, puis chacun retournera à la sienne, de voie.





Tout le monde se dit Charlie, deux heures après l'attentat... Dire, "je suis Charlie", ne signifie pas, bien sûr, que l'on se met au niveau de ceux qui "faisaient" Charlie Hebdo, ni d'ailleurs que l'on était en accord avec toutes leurs publications, mais c'est une manière de condamner l'acte terroriste, de se révolter contre cette barbarie et de revendiquer la liberté de penser pour tous, de rendre hommage à la liberté de Voltaire que ces hommes défendaient. Leur résistance. ça doit vouloir dire ça : "Je suis Charlie"...
Pour ma part, je me sens concernée, impliquée. Je suis concernée.
Consternée aussi.
Et puis zut !! J'aimais bien ce ton potache canaille grossier et grinçant... ces dessins rigolos cul-cul-fessus-couillus-poilus. Ils me faisaient rire, ceux de Charlie. Et réfléchir aussi.
Et, je pense aux victimes de ces crimes effroyables et au deuil des familles.


"Pas de liberté pour les ennemis de la liberté." 
(Saint-Just)

J'ai peur aujourd'hui de ce que sera demain... l'ennemi terroriste est invisible, il a fait son nid en Irak, puis en Syrie... nous voulons l'oublier, mais je pressens qu'il se rappellera à nous. Et tuera encore.
Il faudrait ne plus cautionner ces gouvernements archaïques et barbares, ne plus fermer les yeux devant la folie de Bachar Al Hassad qui a si courtoisement accueilli l'E.I. pour combattre plus violemment ceux qui s'opposent à son régime... 
Il faudrait se dire que tout ceci ne fait que commencer... et se préparer à se défendre mieux.
Il faudrait une solution pour combattre cet attaquant insidieux et vicieux. Je tremble. Parce que de solution, il n'y en a peut-être plus... Et si c'était déjà trop tard... (?)
Ce que j'en dis.....................


J'ajoute ce dessin de Gilles Bachelet :


Et la "Lettre ouverte aux culs-bénits", écrite en mai 1994 par François Cavanna auquel on pense aussi aujourd'hui : 
Clic !